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Chirurgie.

Pare était le fils d’un artisan. Il fait un apprentissage de barbier-chirurgien en province (probablement à Angers ou à Vitré), puis part pour Paris, où il devient interne en chirurgie à l’Hôtel-Dieu, poste qui lui offre une précieuse occasion d’étudier l’anatomie par dissection. Vers 1536, Pare devient maître barbier-chirurgien et entre au service militaire sous les ordres du maréchal Montejan ; il accompagne l’armée lors d’une expédition en Italie, où il passe deux ans. Il revient à Paris en 1539, mais participe par intermittence aux campagnes militaires pendant la majeure partie des trois décennies suivantes. En 1552, Henri II le nomme l’un de ses chirurgiens ordinaires ; il devient premier chirurgien de Charles IX en 1562 et sert Henri III dans la même fonction. Il a une pratique florissante à la cour et à Paris et, en tant que chirurgien militaire, il traite les blessés des deux camps pendant les guerres de religion. (Bien qu’on ait souvent dit qu’il était huguenot, Pare est resté catholique toute sa vie).

La pratique militaire a permis à Pare d’acquérir de l’expérience dans le traitement d’une grande variété de blessures. I

l a notamment révolutionné le traitement des blessures par balles, qui étaient considérées comme toxiques et étaient systématiquement cautérisées avec de l’huile bouillante. Lors du siège de Turin en 1536, Pare (selon son propre récit, publié près d’un demi-siècle plus tard) manqua d’huile chaude et utilisa à la place un pansement « digestif » composé de jaune d’œuf, d’huile de rose et de térébenthine. Le lendemain, il constate que les soldats qui ont été pansés de cette manière improvisée se remettent mieux que les soldats traités par la méthode conventionnelle ; ils ne souffrent pas et leurs blessures ne sont ni enflammées ni enflées. Pare a ensuite expérimenté différents pansements (dont certains contenant de l’aqua vitae, qui aurait agi, avec la térébenthine, comme un antiseptique topique) et a conclu que les blessures par balle n’étaient pas en elles-mêmes toxiques et ne nécessitaient pas de cautérisation. Il rapporte sa découverte dans son premier traité, La méthode de traicter les pièces faites par les arquebuses et aultres bastons a feu, publié en 1545. Ce traité, écrit en langue vernaculaire car Pare ne connaissait pas le latin, lui apporta une renommée immédiate.
Pare rejette également la cautérisation comme méthode d’hémostase et préconise la ligature des vaisseaux sanguins pour contrôler les hémorragies lors des amputations. Il conçut un nouvel instrument à cette fin, le « bec de corbeau », une sorte d’hémostat qu’il avait l’habitude de saisir était également innovant, et il fit revivre l’ancienne technique de la version podale pour les accouchements difficiles. (La méthode de Pare a été largement utilisée après sa propre époque ; l’un de ses principaux disciples, Jacques Guillemeau, était avant tout un obstétricien étendu tout au long du XVIIe siècle).

La devise de Pare était « Je le pensai, Dieu le guarist » – « Je l’ai habillé, Dieu l’a guéri ».

De nombreux détails de sa chirurgie ne présentent plus d’intérêt scientifique ; malgré ses innovations, il a travaillé sous les théories humoristiques et les superstitions communes à la chirurgie du seizième siècle et ignorait des considérations telles que la circulation du sang et l’asepsie. Néanmoins, il a sauvé de nombreux patients qui seraient le désespoir d’un chirurgien moderne, et il en est venu à représenter le praticien idéal, tant pour sa compétence technique que pour son souci humanitaire pour ses patients. Il avait une vague anticipation raisonnée d’une certaine forme d’infection transmissible et une appréciation grossière des mesures de santé publique. Bien que sa connaissance de la pathologie soit au mieux rudimentaire, il préconise et pratique (et laisse des traces) des enquêtes d’autopsie sur des maladies mortelles.

Les théories et les écrits de Pare étaient souvent en opposition avec ceux des autorités universitaires.

Il souhaitait diffuser les connaissances anatomiques parmi ses confrères barbiers-chirurgiens, et à cette fin, il pratiquait des dissections et écrivait un certain nombre d’ouvrages sur l’anatomie. L’utilisation de la langue vernaculaire et l’avènement de l’imprimerie assurent à ses livres une large diffusion, même s’ils ne sont publiés, pour la plupart, qu’après des conflits juridiques avec les membres de la faculté de médecine de Paris, qui souhaitent les supprimer. Pare est cependant largement soutenu par sa noble clientèle, et leur soutien lui vaut l’acceptation d’associations professionnelles habituellement fermées à tous sauf aux diplômés de l’université. (Il fut, par exemple, invité à rejoindre la guilde des chirurgiens universitaires de Paris au Collège de Saint-Come, malgré son manque de latin – bien que les médecins et la faculté de médecine l’aient toujours méprisé et snobé).
La vie personnelle de Pare était marquée par l’honnêteté, la piété et le souci des pauvres et des sans défense. Son dernier acte enregistré est celui d’avoir, à l’âge de quatre-vingts ans, arrêté une procession religieuse dans les rues de Paris afin de plaider auprès de son chef, l’archevêque de Lyon, pour qu’il se réconcilie avec Henri de Navarre (plus tard Henri IV), qui assiégeait alors la ville.

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