mar. Avr 23rd, 2024

En ce qui concerne le processus de transformation que connaît la neurologie et le nouveau rôle du spécialiste, nous ne pouvons que tourner notre regard, cette fois-ci un peu sombre de suspicion, vers ces mêmes facteurs comportementaux et environnementaux modernes dont nous avons vanté les vertus : Certes, une vie de travail essentiellement sédentaire ou en tout cas pas brutalement manuelle, une maison propre, exempte d’insectes, d’animaux de ferme et de fumier, et une alimentation abondante, notamment en glucides, résultat d’un développement industriel agro-alimentaire qui a éliminé les syndromes de sous-alimentation socio-économique, sont la base évidente de notre niveau de vie occidental depuis près de soixante-dix ans maintenant.

Les processus qui sous-tendent le syndrome métabolique

Pourtant, dans chacun de ces facteurs, nous trouvons les germes des mécanismes qui soutiennent le syndrome métabolique : l’homologation des rythmes veille-sommeil au service des besoins productifs du monde industriel urbain (loin des rythmes circadiens de l’homme au service des cycles saisonniers, de la fertilité de la terre et des mouvements des proies animales), la substitution de la lutte physique pour la survie par les pressions psycho-émotionnelles abstraites induites par les compétitions sournoises du monde du travail, la réduction de la charge antigénique « sauvage » autrefois offerte par la présence constante et connatale des microbes indigènes au profit des germes modifiés par les antibiotiques, atténuée par les vaccins, appauvrie par la pasteurisation et les fongicides et, enfin, la consommation de plus en plus abondante de produits alimentaires à fort impact calorique (sucres et lipides de faible valeur nutritionnelle) mais avec un indice de biodiversité de plus en plus faible, dans laquelle la tendance industrielle presque entièrement inspirée par la disponibilité croissante par habitant au prix le plus bas poursuit progressivement le modèle de l’aliment « standard unique » obtenu à partir d’un cycle stéréotypé et homogène de culture intensive et mondialisée.

Bien sûr, la cigarette et autres voluptés plus ou moins toxiques ne sont pas bonnes pour la santé, mais on peut se débarrasser de ces facteurs avec une certaine volonté, tout comme on peut essayer de se débarrasser du stress du travail avec une activité sportive saine… mais comment se débarrasser du « bien-être moderne » en général ?

La neurologie, une spécialisation de pointe

Face à ce scénario, nous proposons aujourd’hui une neurologie qui, si elle décide d’emprunter une voie qui ne soit plus seulement consacrée à l’étiquetage de diagnostics aussi rares que presque incurables, est potentiellement capable de relever le défi que représente la plus grande épidémie de l’histoire moderne, la maladie vasculaire, en assumant le rôle d’avant-garde. Avant-gardiste car les lésions nerveuses, qu’elles soient centrales ou périphériques, sont parmi les plus précoces dans la présentation clinique des maladies vasculaires : il suffit de savoir le chercher et en cela la capacité dans la pratique anamnestique et sémiotique (l’examen objectif neurologique) distingue encore la formation du neurologue par rapport à d’autres spécialisations médicales désormais presque entièrement soumises aux résultats des examens instrumentaux ; mais d’avant-garde surtout parce que dans la pathogenèse des maladies vasculaires nous trouvons les « empreintes » de la dysrégulation des systèmes biologiques informationnels, c’est-à-dire ce complexe d’interactions dynamiques, incessantes et extrêmement complexes qui unifient la génétique, la biochimie, l’immunologie, l’endocrinologie et la neurologie dans un corpus doctrinal de plus en plus riche et compact.

 

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